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Dora Maar. Palais idéal du facteur Cheval, 1937

Dora Maar

Le Palais idéal du facteur Cheval présente une série de six photographies inédites réalisées par Dora Maar lors de sa visite à Hauterives, en 1937.

Ces photographies (négatifs et tirages originaux) viennent désormais rejoindre de façon permanente les collections du Palais idéal.

Aujourd’hui restaurées et présentées au public, il s’agit d’une nouvelle occasion de mettre en lumière la pratique de cette artiste entière, trop longtemps restée dans l’ombre de Picasso.

Suite au succès de l’exposition que lui avait consacré le Centre Pompidou en 2019, la maison de vente Artcurial a organisé les 27 et 28 juin 2022 une vente de 750 clichés (le plus souvent inédits) regroupés en 356 lots et présentés, pour chacun, avec le négatif original, l’épreuve contact d’époque et un tirage contemporain agrandi à 30 x 40 cm, réalisé spécialement, sous le contrôle des ayants droit de Dora Maar.
C’est dans le cadre de cette vente que le Palais idéal s’est porté acquéreur de plusieurs clichés.

DORA MAAR ET PABLO PICASSO AU PALAIS IDÉAL

Dora Maar. Palais idéal du facteur Cheval, 1937
Dora Maar. Palais idéal du facteur Cheval, 1937

Si dès la fin des années 1920 le Palais idéal prend place au Panthéon tout nouvellement constitué du mouvement surréaliste, le temps d’un été et en l’espace de seulement quelques semaines, l’œuvre du facteur Cheval va rassembler autour d’elle celles et ceux qui font l’avant-garde artistique et intellectuelle en cette fin des années 30. Parmi eux, le peintre espagnol Pablo Picasso et la photographe Dora Maar.

Dora Maar avait été présentée à Picasso par Paul Éluard en 1936, et ils sont rapidement devenus amants. Quand Picasso rencontre Dora Maar, il a 54 ans, elle en a 28. Égérie du surréalisme, amie de Breton et de Brassaï – qui la forma avec Man Ray à la photographie – elle dirige un studio où elle fait poser mannequins et figures du Tout-Paris.

Le lundi 26 juillet 1937, il est minuit lorsque Picasso entraîne ses amis sur la route de la Côte d’Azur. à bord de l’Hispano-Suiza conduite par Marcel, son chauffeur personnel, on retrouve le poète Paul Éluard, sa fille Cécile et sa femme, l’artiste Nusch Éluard, mais aussi Dora Maar, photographe et compagne de Picasso, sans oublier Kazbek, le lévrier afghan du peintre. Paul Éluard écrit sur l’instant au photographe Man Ray pour l’avertir de leur départ.

Tous ces personnages, politiquement et artistiquement proches, étaient souvent les sujets de leurs oeuvres respectives. Ainsi, Nusch Éluard devient un sujet de recherche esthétique et la protagoniste de nombreux portraits de Picasso, surtout entre 1936 et 1941. Dans ces années-là, l’amitié, l’admiration et l’émulation réciproques entre Picasso et Éluard les amènent à partager leurs vacances ensemble pendant trois étés consécutifs à l’hôtel Vaste Horizon de Mougins, avec d’autres amis. Picasso y réalise divers portraits de Nusch, de Dora Maar et de la fille d’Éluard, Cécile, ainsi qu’un portrait énigmatique de Paul Éluard travesti, connu sous le nom d’Arlésienne allaitant un chat.

En cette fin du mois de juillet, le peintre espagnol laisse son atelier parisien (qui vient de donner naissance à la magistrale Guernica), pour Mougins, un petit village de la côte méditerranéenne où il a pris l’habitude de s’installer pour l’été.
Au cours du long voyage en voiture vers Mougins, qui dure deux jours et qui est
« horriblement fatigant »*, Pablo Picasso, Dora Maar, Nusch et Paul Éluard font étape à Hauterives pour visiter le Palais idéal.

Sous l’objectif du moyen-format Rolleiflex de Dora Maar, dont on aperçoit le trépied et la sacoche entre les mains de Picasso – sur une photo aujourd’hui dans la collection du Centre Pompidou -, les deux couples d’amis posent, le temps de découvrir la terrasse du Palais idéal qu’ils viennent sans doute d’atteindre par les escaliers de la façade Est.
Quelques jours plus tard le 7 août, fasciné par le souvenir du Palais idéal et de son illustre auteur, Picasso réalise une série de dessins au crayon, connue sous le nom du
« Carnet du facteur Cheval ».

Ce même jour, la poste mouginoise expédie une carte postale du Palais idéal au 40 rue Denfert-Rochereau à Paris, chez le photographe Man Ray. Signée par Dora Maar, Picasso, Paul Éluard, sa fille Cécile et Nusch Éluard, la carte, issue d’un ensemble acheté à la boutique souvenirs du Palais idéal, porte cette petite note : « on vous attend tous les deux ».

The artist

Dora Maar 1907-1997

Amie et portraitiste de Lee Miller, Jean Cocteau, Frida Kahlo, Jacques Prévert ou encore Picasso dont elle partage la vie de 1936 à 1945, Henriette Theodora Markovitch – qui se fait appeler Dora Maar – est à l’origine de l’une des œuvres photographiques les plus importantes du XXe siècle.

Ses images devenues célèbres tracent le portrait d’une artiste qui connaîtra le succès dès le début des années 1930 comme photographe de mode et de publicité, avant de devenir une figure centrale du mouvement surréaliste, aux côtés de André Breton ou Paul Éluard.

Égérie surréaliste, puis muse, amante et modèle de Picasso, Dora Maar a joué un rôle essentiel dans la vie du peintre espagnol… quitte à sacrifier son premier amour, la photographie. Bien que leur rencontre marque une influence considérable sur leurs œuvres respectives, on doit à Maar une création foisonnante qui durera plus d’une soixantaine d’années, oscillant entre engagement social, expérimentation surréaliste et récit autobiographique.

De son œuvre conséquente, on la retient surtout comme une pionnière du photomontage surréaliste dès les années 1930.