Bernard PRAS 1952
Bernard Pras est né à Roumazières-Loubert en 1952. Diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Toulouse en 1974, il met au point la technique de l’aqua gravure en 1989. Après quelques années de doute dans sa recherche artistique, il décide de créer des assemblages et installations en 1994. A partir d’un dessin préparatoire, l’artiste collecte des objets : jouets, ustensiles de cuisine, vêtements, matériels ménagers… . Il les assemble à partir du point de vue de l’objectif de son appareil photo. Ainsi, il crée des anamorphoses, visibles pour le spectateur par le seul truchement de la photographie. L’amas d’objets devient alors image, une image le plus souvent connue de tous puisque l’artiste s’inspire de l’histoire de l’art et de la société contemporaine. Il réalise aussi des vidéos dans lesquelles il est possible d’observer la déstructuration optique de ses œuvres.
La démarche artistique de Bernard Pras a été présentée dans de nombreuses galeries françaises et européennes. Plus dernièrement, il était possible d’admirer son œuvre au Musée Touquet-Paris-Plage lors de l’exposition Sans objet de 2018. Les éditions Somogy lui ont dédié une monographie en 2017. En 2014, il réalise l’exposition Pras à Cheval au Château de Hauterives.
Installation Hommage au Facteur Cheval 2014
Son œuvre Installation Hommage au Facteur Cheval, est emblématique du travail de l’artiste. Assemblage hétéroclite d’objets accumulés, ce portrait de Ferdinand Cheval dans son uniforme de facteur est inspiré d’une photographie de 1905. Les deux artistes sont finalement assez proches, puisque tous deux rassemblent des objets. Alors qu’il s’agissait de pierres pour l’autodidacte du Palais idéal, ce sont chaise, guitare, tête de Bouddha, brouette ou autres jambes de poupée qui composent cette anamorphose. Derrière le facteur s’élèvent deux murs, sur lesquels sont inscrits : “NE RIEN ÉCRIRE LÀ-DESSUS” et “DÉFENSE DE NE RIEN TOUCHER” ; des textes respectivement présents sur la façade Est et dans la galerie du Palais idéal. Comme pour rappeler l’identité de l’architecte naïf, une photographie de la tête d’un équidé est inscrite dans un fer à cheval. Plus bas, un petit bonhomme, qui porte un écrou en guise de chapeau, pousse une brouette chargée de la pietà de Michel-Ange. En référence à l’histoire de l’art occidental, il est aussi possible de voir une Vénus de Milo de dos ainsi que la louve de Rémus et Romulus. Comme dans le Palais idéal, la composition présente une absence certaine de vide. Il a fallu prendre du recul pour découvrir pleinement la nature de cette composition, tout comme il faut parfois monter sur le Belvédère, construit par le facteur Cheval devant ces Trois Géants, pour admirer l’ampleur de son œuvre.