Clovis PRÉVOST 1940
Clovis Prévost est né en 1940 à Paris. Après des études d’architecture à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, il se tourne vers le cinéma et la photographie. Salvador Dali est saisi par son travail photographique de la Sagrada Familia de Gaudi et lui ouvre alors les grandes portes du monde de l’art, notamment en préfaçant l’ouvrage La vision artistique et religieuse de Gaudi signé par Clovis Prevost avec Robert Descharnes. De 1969 à 1975, il est directeur du département cinéma d’Aimé Maeght. Il réalisera de nombreux courts et moyens métrages en abordant les plus grands : Antoni Tàpiès, Pol Bury, Eduardo Chillida, Joan Miro, Salvador Dali, André Malraux, ou encore Alexandre Calder. Entre 1976 et 1981, il coréalise avec son épouse Claude L. Prévost, la série télévisée Les bâtisseurs de l’imaginaire, présentant des constructeurs amateurs propres au mouvement de l’art brut. A la même période, il réalise un court et un moyen métrages consacrés au facteur Cheval : Où le songe devient réalité.
Palais Idéal 1980
Ses photographies de la collection du Palais idéal présentent la “pierre d’achoppement” du facteur Cheval ainsi que son Tombeau du silence et du repos sans fin. Alors que cette première pierre engage le facteur Cheval dans un rêve qui durera trente-trois ans, sa tombe signe la fin de son art. C’est après avoir trébuché sur une pierre de forme bizarre durant sa tournée de facteur, que Ferdinand Cheval décide de transformer le songe d’un palais de fées en réalité architecturale. A l’âge de quarante-trois ans, il récolte alors les pierres de son chemin, comme un cultivateur récolte les fruits tombés de l’arbre. Sculptées par les eaux et durcies par le soleil, les pierres ne sont-elles pas les fruits de la terre ? Elles se retrouvent sur l’ensemble des façades du Palais idéal. Cet édifice est un hymne à la nature, la fraternité, un hymne à la vie. Mais le facteur Cheval veut aussi résister à l’oubli en construisant son œuvre. Il écrira : “ La vie est un rapide coursier. Ma pensée vivra avec ce rocher.” Ainsi, tout comme les rois pharaons, il aurait souhaité demeurer dans son architecture féerique pour l’éternité. Cependant, la législation ne le lui permettant pas, il doit construire son Tombeau du silence et du repos sans fin au cimetière de la commune dès 1914. A l’âge de 78 ans, et durant huit années, il réalise ce qui est souvent considéré comme l’apogée de son art. Originale en tous points, la dernière œuvre du Facteur Cheval est photographiée par Clovis Prévost sous la neige. Dans un foisonnement qui ressemble fortement à la façade Nord du Palais idéal, les arcs et volutes composent la sépulture et les modelages soulignent une dextérité maîtrisée. Encore considéré comme un original dans son village, l’artiste a laissé une façade de la concession vide pour ne pas choquer celle de son voisin. En 1994, la commune de Hauterives, qui prend alors en main la gestion de l’héritage du facteur Cheval, décide que la concession devienne perpétuelle, en reconnaissance du patrimoine légué à la commune. Elle est classée au titre de Monument Historique depuis 2011.